Parce que la Foi est un mystère, il
faut exercer notre Raison.
Les grands auteurs ont conceptualisé
un mode de pensée déjà existant. Pas de rupture franche avec leurs
prédécesseurs.
Epoque médiévale, l’existence de Dieu
n’est pas remise en cause.
1.
DIEU PAR LA RAISON : L’UNIVERS UNIVERSITAIRE
MEDIEVAL
A. Anselme de Canterbury
-
Dates
1033-1109
Fondateur de la scholastique, une Foi
qui cherche à comprendre (fidesquaerusintellectum).
Circule en Italie, Bourgogne, Angleterre.
Archevêque de Canterbury.
1076 : Monlogion/1077-1078 :
Proslogion
Cherche à mettre en évidence un seul
argument qui suffirait à comprendre que Dieu existe, et qu’il est la
suréminence du Bien.
-
Affirmation
« Credimus te esse aliquid quo
nihil majuscogitaripossit. »
Nous croyons que tu es qqch dont rien
de plus grand ne peut être pensé.
Il est supérieur d’être que d’être
pensé. Il vaut mieux avoir l’existence que la pensée de l’existence.
≠Aujourd’hui, l’imagination est plus vaste que l’être // développement du monde
virtuel.
Il faut accepter le caractère
rationnel de cette affirmation. Une règle qui va s’appliquer à tous les
contenus sur Dieu.
-
Raison/Révélation
Une démarche de théologien sur
l’absolue transcendance de Dieu. Reprise par Karl Barth, théologien du 20e
siècle. C’est la seule voie légitime pour affirmer l’existence de Dieu. Ce qui
compte c’est de croire à la grandeur infinie de Dieu. Argumentation rationnelle
de la Foi.
La Foi toute entière = objet rationnel
de la Foi. Quelqu’un qui réfléchit ne peut pas ne pas croire. D’où le
risque : la Raison droite, seule, est capable de poser l’existence de
Dieu, c’est-à-dire qu’elle n’a pas besoin de la Révélation, ce qui contredit le
magistère. Il faut aussi la Révélation pour accueillir Dieu. L’Eglise ne
méprise pas la Raison. Elle souligne seulement que sans la Révélation,
l’existence de Dieu ne peut pas être posée complètement. Une démarche qui
risque d’occulter la nécessité du Christ.
L’attachement à la personne humaine
s’enracine dans l’incarnation de Dieu.
-
Problème
o
Nous ne sommes plus dans un
univers de Foi.
o
Le Tu engage le Je
o
Le virtuel est aujourd’hui plus
riche qu’une pensée liée à l’existence. Que signifie « être »
« exister ». Affirmer que l’être est plus grand que l’imaginaire
n’est plus vrai aujourd’hui.
Dieu est à la limite de la pensée.
B. Saint Thomas d’Aquin
-
Repères biographiques
o
1255-1274
A marqué et marque encore la pensée
occidentale. On en garde l’exigence du raisonnement. Etablir la foi chrétienne
à partir de la Raison et montrer les limites de la Raison. Construction d’un
système cohérent.
Période où l’on vient de redécouvrir
la philosophie d’Aristote grâce à Avicenne (mort en 1037), Averoès (mort en
1198), qui le transmet par le monde musulman, et Maïmonide (1137-1204) par le
monde juif. Préparation de la réception d’Aristote par Thomas d’Aquin.
Tentative de démontrer la justesse de leur religion grâce à la démarche
d’Aristote (-4 av JC), considéré à l’époque comme étant allé jusqu’au bout de
la pensée.
Science du raisonnement qui doit
répondre à une logique formelle.
Outillage conceptuel, rigueur
intellectuel du raisonnement.
Pour Thomas, Aristote= le Philosophe
(≠ Platon, déduction à partir de la
contemplation, → saint Augustin)
o
1210 : interdiction de faire
référence à Aristote, confirmation en 1236, puis
o
1241 : condamnation de la
théologie grecque, puis condamnation de l’aristotélisme radical.
o
1277 : condamnation des
thèses hétérodoxes, dont certaines de Thomas d’Aquin
o
1323 : canonisation de saint
Thomas
o
1325 : levée des
condamnations concernant saint Thomas.
-
Ses ouvrages
o
La somme théologique : présentation de la foi catholique en utilisant toutes les
ressources de la rationalité, telle qu’elles se présentaient au Moyen-Age.
Premier ouvrage, par son ampleur, à rendre compte de la foi chrétienne et à la
défendre rationnellement. On ne peut pas montrer le contenu de la Foi par la
Raison, mais on peut en montrer l’intelligence par la Raison. Montrer que ses
vérités ne sont pas opposées à la Raison, qu’elles sont « croyables ».
Une Raison nouvelle, droite, conduit au christianisme. La Vérité est accessible
par la Foi.
o
Somme contre les gentils : s’adresse à ceux qui ne sont pas dans l’Eglise, mais qui sont
ouverts aux propositions. Dire la Foi à des personnes qui ne la partagent pas.
Dialogue fictif avec Avéroès et Maïmonide. Démonstration qui prouve que la
vérité se trouve du côté de la foi chrétienne. Appui sur l’ensemble des
Ecritures pour les Juifs, sur la raison pour les musulmans.
Aujourd’hui, un terrain commun de
discussion pourrait être la réflexion intellectuelle.
Thomas ne s’attaque pas à des
personnes mais à des jugements qu’il juge peu rigoureux.
2.
DIEU POUR LA RAISON
En trois siècles, basculement de la perception du monde.
-
Ouverture des horizons géographiques
-
Schismes dans les églises occidentales
o 1517 : apparition des
thèses de Luther, condamnés en 1520.
o 1534 : Henri VIII créé
l’église anglicane
o 1545-1563 : concile de
Trente1564 : naissance de Galilée
L’Europe bascule dans la perplexité.
A.
René Descartes
1596-1560.
Descartes est mathématicien, croyant.
-
Le sujet au centre
Place centrale et déterminante
du sujet dans l’appréhension de la vérité. Le point de départ de toute
affirmation est le sujet pensant. L’autonomie de la conscience est au centre de
la démarche.
D’où une nouvelle position de
Dieu et du sujet : anthropomorphisme.
-
Le doute comme méthode
En fait, même démarche que
saint Thomas, mais sans le fondement de la certitude de l’existence de Dieu.
Fonder sa certitude sur le
doute radical. Douter jusqu’à ce que le doute soit supprimé. Chercher qqch
d’irréfutable.
Le doute prend acte que nos
sens nous trompent fréquemment.
Rien ne résiste au doute sauf
« cogito ergo sum ». Si je doute de façon continuelle, j’existe.
-
Dieu nécessaire
La capacité de douter m’est
donnée. Elle vient de Dieu. Donc la seule chose qui puisse me permettre de
douter, d’exister, c’est Dieu. Dieu est nécessaire pour garantir la continuité
du moi.
L’idée de l’infini est déposée
en moi par Dieu. Seul Dieu peut être la cause de mon existence. Dieu est la
perfection absolue, l’existence en fait partie.
Dieu est démontré à partir du
sujet.
-
Limites de sa pensée
Sa démarche ouvre les portes à
l’athéisme
Le doute est liéà la nature
humaine. Pas besoin d’une cause.
Pour Descartes, le doute est
la conséquence de l’imperfection de l’homme. L’idée de Dieu parfait dépend de
l’imperfection de l’homme. Or Dieu ne peut se résumer à une démarche
intellectuelle
Si le doute fait avancer la
connaissance, alors le doute est bon. Pourquoi alors le doute ne fait-il pas
partie de Dieu ?
Enfin, en disant Dieu, que
veut-on dire ?
B.
Emmanuel Kant : le Dieu
en raison
1724-1804
-
Le contexte
Le 18e s est le
siècle des Lumières. En 1784, Kant définit ainsi la période : « la sortie de l’homme de sa minorité dont il
est lui-même responsable. » (Qu’est-ce
que les Lumières ?).
Minorité : incapacité
qu’a l’homme de se servir de son entendement sans la conduite d’autrui, par
manque de décision et de courage pour prendre en main soi-même sa capacité de
réflexion.
Avoir le courage de se servir
de son propre entendement. Eclairé par la raison sa liberté de penser, sans
pour autant contester la légitimité du pouvoir. Exprimer publiquement les
fruits de sa réflexion.
Développer son esprit
critique, sa capacité d’autocritique.
-
Deux courants en concurrence
Le rationalisme : croire
en raison. L’Eglise doit se soumettre à la raison. Déjà, le 17e s a
cherché à faire de la catholicité qqch de raisonnable, rassemblant les hommes
de bonne volonté. → vers une « religion laïque ».
o Le rationalisme se méfie des
émotions. La raison est réduite à son application méthodique de recherche
scientifique.
o Déisme : Dieu est
nécessaire, il fonde l’obéissance à la loi morale. « Garant » de
l’ordre.
Le piétisme : le rapport
à Dieu est une aventure intérieure personnelle. L’émotion intervient, en
s’éloignant de la raison. →mysticisme.
-
La pensée de Kant
Né en Prusse, d’origine
modeste.
Mère courant piétiste, 11
enfants, une hygiène stricte de vie.
La métaphysique ne résiste
plus à la méthode scientifique. Donc, que peut légitimement notre raison ?
Kant tente de sauver la métaphysique, ou comment élaborer une métaphysique
pratique, vivante.
Il faut passer par l’abandon
d’une métaphysique dogmatique, qui s’est enfermé dans une espèce de jeu. Elle
est restée à l’état d’opinion, et rend objectivable ce qui ne l’est pas.
Toute connaissance est issue
de l’expérience, critère de sa légitimité. Tentative de réconcilier
l’expérience et l’entendement, pour accéder à la connaissance, car pour Kant
les deux sont essentielles. Allier expérience et concept.
-
Ses ouvrages
o Critique de la raison pure, parue
en 1781. Que puis-je savoir ? Puissance et limite de la raison
o Critique de la raison
pratique, 1788. Que dois-je faire ?
o Critique de la faculté de
juger
La religion dans les limites de la simple raison
-
Critique de la raison pure
o La raison est limitée dans le
domaine de la connaissance. Distinguer penser et connaître. Penser est plus
grand que connaître
Penser = faire œuvre de raison
Connaître = entrer dans
l’expérience du réel.
On peut penser Dieu, mais pas en faire l’expérience.
L’idée ne prouve pas l’existence, critique de Descartes.
La raison spéculative ne peut affirmer Dieu car Il ne
relève pas d’un phénomène, Il ne peut pas être cerné par les sens, donc il ne
peut pas faire l’objet de connaissance.
o Connaître n’est pas tout. Il
faut être et agir, domaine pratique de l’engagement moral. D’où une raison
pratique = un impératif moral qui nous oblige, de l’intérieur, à nous engager dans
le sens du bien. Nous sommes habités par l’exigence de faire le bien. Ce qui
incite à respecter ceux qui veulent le bien pour le bien. Respect de la loi
morale // respect de celui qui fait bien.
Peu importe le résultat du moment que la volonté de faire
le bien est présente. Ce qui compte, c’est la droiture du raisonnement. Nous
faisons le bien, parce que c’est bien.
o Pour Kant, les sociétés
peuvent progresser moralement et socialement. Il considère l’histoire comme
étant un progrès. Une pensée typiquement occidentale, et imprégnée de culture
chrétienne : le mieux est devant (permet une légitimation de la
Révolution).
o La quête du bonheur, est
l’exigence d’agir moralement, parfois contre le bonheur individuel.
La constatation de cet impératif moral pose l’existence
de Dieu. La morale fonde la métaphysique. La liberté dont nous disposons est
faite pour faire le bien. Sinon nous tombons dans le péché. La connaissance
nous apporte des éléments pour animer l’exigence morale.
≠ Aujourd’hui, nous estimons que la raison morale est
suffisante, plus besoin d’un Dieu nécessaire.
Pour Kant, la religion doit être fondée sur la raison et non sur le
dogme. L’Evangile est un idéal de perfection morale. Le Christ en tant que
raison légitime le Christ en tant qu’acteur de l’histoire.
C.
Hegel : la foi de la
raison
1770-1831
La phénoménologie de l’esprit (1807)
-
Une pensée complexe
Un système philosophique
complexe, lié à une expression difficile, une pensée toujours en mouvement.
Très mal accueillie en France
car introduit pendant la Restauration, sous forme négative.
L’hégélisme est adopté par une
partie de la jeunesse révolutionnaire → considéré comme ≠ à la foi chrétienne.
Hegel considère qu’il y a
identification absolue entre le réel et le sensible, des formes de la pensée à
la réalité de la nature. « Ce qui est réel est rationnel, ce qui est
rationnel est réel. »
Influence de Rousseau,
Montesquieu, Voltaire. Engagement politique.
Hegel veut aussi sauver la
métaphysique. Mais reproche à Kant son dualisme.
L’histoire est un progrès
social. Au centre, un concept : dans l’histoire, une raison est à l’œuvre,
en train de s’accomplir. Une raison scientifique et morale. La raison gouverne
l’histoire.
L’histoire tend vers un but
qui est Dieu, ou philosophiquement l’Idée, ou encore l’Esprit.
Critique de Kant et de
Descartes pour leur subjectivisme. Ils continuent de poser le sujet comme
centre, et se ferment au foisonnement de la vie, en particulier sa négativité.
On ne peut pas se positionner face à l’histoire puisque nous sommes dedans.
Critique du dualisme de Kant,
qui sépare savoir et connaissance. Pour Hegel, il y a unité entre savoir et
connaissance. Il existe un savoir absolu : conscience et connaissance.
Un homme en train d’être agi
et d’agir.
La finitude de l’homme ne
suffit pas pour poser Dieu. L’homme est pris par plus grand que soi.
-
La dialectique
o Dans l’histoire
Une philosophie du
développement, du progrès n’est possible uniquement que par les contradictions
de l’histoire.Pensée dialectique : mouvement de la raison elle-même.
Travail des contraires d’où surgit un progrès, « Aufhebung »
Les êtres singuliers ne sont
que des moments. Pour Hegel, l'histoire universelle, l'histoire du monde, ne
considère pas des personnes singulières, réduites à leur individualité
particulière mais un individu universel et déterminé,
c'est à dire un peuple et l'esprit de ce peuple (Volkgeist).
o Dans la dimension personnelle
§ Prise de conscience des
choses : je suis amené à distinguer, à analyser. Il y a des choses qui ne
sont pas moi.
§ Eveil de la conscience de
soi : en luttant avec les choses, je prends conscience que je suis qqch.
§ Interaction entre les deux
états → je prends mon autonomie en m’arrachant à mon environnement.
o Dialectique dans la société
§ Etat de conditionnement de
l’individu
§ Rupture avec ce milieu,
permises parce qu’apparaissent des grands hommes (Socrate, Jésus, Napoléon…)
qui se projettent en avant.
§ Retour à une période de repos,
mais avec un progrès, un développement.
-
Le christianisme, religion absolue
L’Esprit absolu se réalise
pleinement dans l’art, la religion et la philosophie.
Le christianisme est la
religion absolue car elle manifeste l’Esprit de la façon la plus juste.
L’incarnation est la présence de l’Esprit absolu dans l’histoire.
Dieu est le sujet de ce
mouvement dialectique. Théologie d’un Dieu qui se divise en permanence pour
faire surgir l’Autre.
Le sommet de l’incarnation est
la croix : la mort devient un moment du divin. La négation est vaincue par
la résurrection.
Le Christ ressuscité est la
manifestation absolue de Dieu.
Hegel a voulu lié la
philosophie spéculative et la Révélation chrétienne.
La Révélation chrétienne
permet un discours universel.
Mais pour Hegel, l’Eglise a
failli dans sa tâche de manifester le travail de l’Esprit. C’est donc à l’Etat
de le faire, d’imposer le progrès social.
Hegel en appelle donc à une
théologie laïcisée, accessible à tous par la philosophie, langage universel.
Pour Descartes, Dieu est un créateur solitaire, juge, moral.
Pour Hegel, Dieu vivant se communique, un Dieu d’alliance et d’amour.
Foi en un Dieu dont l’unité résulte de l’union de trois personnes. Retour au
Christ de la Révélation, qui manifeste le travail de la raison. Un panthéisme
romantique ?
Système de Hegel condamné par l’Eglise car anticlérical.
Monisme : même esprit dans la conscience humaine, l’histoire et
Dieu. L’infini de Dieu est à l’œuvre dans l’homme. Si cet esprit est à l’œuvre
dans l’homme et dans l’histoire, à quoi cela sert-il de s’intéresser encore à Dieu.
« L’homme sait de Dieu seulement ce que Dieu sait de soi-même dans
l’homme.
Une philosophie qui a permis de justifier la prise d‘armes pour faire la
révolution et entraîner un progrès.
Komentar
Posting Komentar