« Soyez toujours prêts à rendre l’espérance qui est
en vous. » (1P3, 15)
Trois sens possibles au rapport philosophie/culture
La culture
Processus
→ anthropologie. Ce que l’homme trouve, il le transforme. La nature de
l’homme est d’être culture. Il cultive ce qu’il trouve.
Résultat
du processus → sociologie et histoire qui racontent comment on est arrivé à
ce résultat.
Attitude,
posture, valeurs → éthique. Quelles sont les valeurs qui entraînent le
comportement de la personne.
La philosophie
Dans
le cadre du processus, l’homme cherche à être heureux. Mais beaucoup
d’obstacles. Pourquoi ? Plusieurs hypothèses : chrétienne, marqué par le péché
Dans
le cadre des résultats. Caractère provisoire : où en est-on et où
va-t-on ?
Attitude
: quelles sont les valeurs qui valent la peine d’être cultivées ? Toutes
ne se valent pas. Pas d’éthique sécularisée.
D’où relecture : histoire du
processus de pensée occidentale. Ce qui a forgé notre culture, en particulier
théologique, à partir du Moyen-Âge.
1.
DE L’ENRACINEMENT CHRETIEN DE L’EUROPE A LA
TRADITION CHRETIENNE OCCIDENTALE
Il est important de savoir d’où on
parle.
A. Quelques dates fondatrices
313 : Constantin, Edit de Milan. Fin des
persécutions, liberté religieuse.
Fin 4e s, l’empereur Théodose fait
du christianisme la religion d’Etat. On se reconnaît chrétien pour d’autres
raison que celles de suivre le message du Christ. Pour réussir, il faut être
chrétien, opportunisme.
La pensée qu’il peut y avoir une foi,
mais plusieurs théologies n’existent pas0 La visée théologique correspond à la
visée politique afin que l’empereur puissent repérer les loyaux et les hérétiques.
Distance avec le discours d’origine. Il faut attendre Vatican II pour ne plus
jeter d’anathèmes.
469 : baptême de Clovis
800 : Charlemagne.
La fonction de roi est exercée de
façon chrétienne. Modèles : David et Salomon. Développement d’un
imaginaire en direction de la Bible (Saint Louis).
Des conséquences multiples :
-
Trève de Dieu
-
Pas de sexualité certains jours →
Début de la régulation des naissances
-
Règles concernant le traitement
des prisonniers
-
Règles concernant l’action envers
les pauvres. Construction des Hôtels-Dieu
-
Développement du réseau
monastique : idéal de vie communautaire, efficacité sur le plan technique
(Cîteaux), transmission intellectuelle (copistes) → Faire de notre vie
terrestre un paradis
-
Maillage paroissial → allure des
villages aujourd’hui
-
Existence rythmée par les
sacrements L’Eglise est présente aux moments importants de la vie
-
Régulation des rapports
homme/femme, avec les lois du mariage
-
Croisades = conscience d’une
destinée commune
-
Volonté de l’Eglise de dominer la
vie civile et le pouvoir politique Aide le pouvoir temporel à écraser les plus
faibles. Protestation de saint François, La richesse est certes le signe de la
grandeur de l'Eglise. Mais il faut retrouver le goût de la « pauvreté
joyeuse ».
Critique radicale : d'abord avec Luther,
affranchissement de la tutelle ecclésiale. Mais également critique interne,
Cette critique fait partie de l'héritage chrétien, avec la volonté de sortir
d'une forme de théocratie,
→ lois sur la laïcité
L'Eglise a formé l'Europe, mais à
partir de ce qu'elle a trouvé. L'organisation juridique de l'Eglise s'est calée
sur l'organisation politique et juridique de l'empire. Par exemple,l'Eglise a
intégré des rituels païens pour le culte des morts.
B. Rapport Foi et Raison/
Théologie et Philosophie
Dès le départ, les chrétiens défendent
le côté rationnel et raisonnable de leur foi, en ≠ religions à mystère
(mythologie), très critiquées par les philosophes. Appui des croyances sur un
fondement rationnel.
D’où importance accordée à
l’argumentation. La Foi a eu à se défendre, moyennant une raison droite
(rationnel) et elle peut se vivre socialement, sans problème politique
(raisonnable).
Pas de dons pour impressionner, mais
une manière d’être édifiante : premier témoignage de la Foi.
Foi et Raison ne s’opposent jamais,
même si la Foi dépasse ce que la Raison peut atteindre
GS 22,2 : le Christ est la
jonction Foi dans l’incarnation//attention à l’être humain.
Philosophie : répondre à la
question du sens par moi-même
Théologie : parler de Dieu, mais
avec autre chose que la Raison. Tradition/ Ecriture. Exercer notre Raison sur
qqch que nous n’avons pas produit nous-mêmes.
La Foi et la Raison sont les deux
« ailes » de la raison, selon JPII, qui permettent à l’esprit humain
de s’élever vers la contemplation de la Vérité.
Cependant, opposition de trois ordres
-
Intellectuelle. Théologie =
philosophie dont le présupposé est que la Vérité, que nous nommons Dieu, est
délivrée par la révélation biblique de Dieu en Christ. // La philo s’appuie sur
la Raison pure.
[Chez saint Thomas d’Aquin, la
philosophie est la connaissance par la Raison naturelle (y compris les
sciences). Il 3 niveaux de théologie :
Connaissance des choses divines. Une partie de
la philo, qui s’occuperait de Dieu, « premier moteur ». Métaphysique,
théologie naturelle, rationnelle.
Doctrine sacrée = enseignement du Magistère.
Dépôt de la Révélation (Pères de l’Eglise, Ecriture…)
Science des bienheureux. Connaissance de Dieu
qui vient d’expériences Mystiques personnelles (les saintes Thérèse…). Sens de
la Foi des Fidèles, qui reçoivent des grâces de l’Esprit Saint.]
-
Historique : comment penser
la théologie en dehors du Magistère ? Première rupture avec la Réforme, radicalisation
avec les Lumières. Comment penser sans « croyance limitante ». Non
seulement l’Eglise n’est plus considérée comme ayant le monopole de la pensée,
mais en plus, elle est obscurantiste. La philosophie se débarrasse alors de la
théologie, en particulier en France où l’opposition est très marquée.
A partir du 18e siècle, l’homme va devenir objet de science.
Il faut alors se détourner de l’Eglise pour mieux y réfléchir. L’Eglise, elle,
continue d’affirmer qu’on ne peut penser l’homme sans son rapport à Dieu.
-
Disciplinaire : rupture
théologie/philosophie dans l’enseignement.
2.
DIFFICULTE DE RAISONNER DIEU
Travail de l’intelligence au service
de la Parole.
Le mot lui-même recouvre des réalités
plurielles. Il faut se mettre d’accord sur le sens qu’on lui donne.
Comment penser Dieu ? Le fait
qu’il soit trop grand, qu’Il nous dépasse, entraîne des postures différentes.
-
Antiintellectualisme ordinaire dans lequel
prend racine l’obscurantisme. Refus d’exercer sa Raison quand il s’agit de
Dieu.
D’où
deux attitudes ≠ : par la
prière
Par
l’engagement, l’action. Or, pas d’action sans pensée.
-
Le fidéisme : ne pas chercher à
comprendre par lassitude intellectuelle, par reconnaissance de ses limites. Ou
fidéisme militant : Dieu n’est pas atteignable par la Raison. Je renonce à
penser → intégrisme.
D’où la solution de la théologie
négative ou apophatique : ne pas pouvoir dire qqch de suffisant sur Dieu,
et donc dire ce que Dieu n’est pas. Du coup, avec des énoncés négatifs, on dit
quand même qqch.
Trois mouvements :
-
Affirmation = Dieu est bon.
-
Négation = sans commune mesure
avec ce que l’on connaît
-
Eminence =énoncer qqch que je ne
comprends pas.
L’expérience de Dieu n’est pas
traduisible en mots.
Extase dans l’expérience mystique.
Silence, mise en présence de soi-même avec l’impossible. La Raison, par un
cheminement exigeant, va au bout d’elle-même.
Théologie négative : docte
ignorance. Capacité que nous avons de connaître notre non connaissance, ce qui
me donne envie de rentrer davantage dans le mystère de Dieu. (cf Nicolas de
Cues, 1401-1464)
« Ce dont on ne peut parler,
là-dessus il faut se taire. » Wittgenstein.
Ouvre la porte à l’agnosticisme
actuel. On ne dit plus rien de Dieu.
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