MM1
Pour détruire les opinions, les soumettre à l’impératif
de la raison, les examiner dans une démarche méditative.
Doute =méthode de travail
1.
DOUTE ORDINAIRE /DOUTE METHODIQUE
-
Doute ordinaire = hésitation. Incertitude liée à la défaillance de l’esprit. Un doute
subi.
-
Doute méthodique
o
Volonté, activité méthodique. Pas
subi, une décision libre de la volonté qui décide de substituer le faux au
douteux. Possibilité que nos sens nous trompent → nos sens nous trompent
toujours. Expérience de la faillibilité.
o
Le doute nous permet alors
d’atteindre une première vérité, l’expérimentation de la liberté. Capacité de
remise en cause.
Nous
pouvons nous détacher de ce que les sens nous donnent comme évidence. Nous ne
sommes pas condamnés aux apparences immédiates. Nous ne sommes pas contraints
de donner notre assentiment à ce qui est douteux.
Notre
croyance spontanée au monde extérieur nous incline naturellement vers lui.
Difficile de se défaire de cette croyance. Mais notre liberté de douter est si
grande que nous pouvons nous en arracher, allant ainsi contre une certaine
connaissance qui nous en est donnée. Doute = penser contre nous-mêmes.
[Cf
Augustin : faire le Bien est un arrachement à l’apesanteur.]
o
Inclination de la volonté/grande
lumière dans l’entendement (MM4). Ce qui apparaît comme évident (clair et
distinct) entraîne l’adhésion + forte de notre volonté. La vérité qui s’impose
dans l’entendement suscite l’inclination de la volonté. Le caractère infini de
la volonté peut la pousser à refuser la vérité, d’où possibilité d’erreur.
o
Plus difficile de douter des
données intelligibles (Dieu, mathématiques, toute matière simple…) que des données
sensibles.Mais toujours libres de refuser ce vers quoi notre entendement
incline notre volonté. Descartes invente des artifices, en vue de détourner les
raisons qui nous portent vers le monde : rêves, illusions des sens, Malin
génie, Dieu trompeur… Pas de limite à l’imagination, un acte de liberté.
[Pour Bergson, la liberté chez Descartes s’exprime
d’abord par un non, qui manifeste l’indépendance de l’esprit. Liberté = révolte
sourde qui nous arrache à nous-mêmes et au monde. Nous sommes deux en un :
possibilité de dialoguer avec nous-mêmes. → Chez Sartre, pouvoir de
« néantiser » la conscience, de s’arracher au monde. L’esprit peut
transcender le monde dans lequel nous sommes. Pour Sartre, ce monde de l’esprit
est plus vrai que le monde sensible. L’esprit est plus puissant que la chair.
-
Ce ne sont plus les raisons, les
motifs qui nous inclinent à choisir plutôt d’un côté que de l’autre. Résolution
de douter précède les raisons qu’il a de douter, elle créé les raisons de
douter en vue d’atteindre la première certitude indubitable.
Parce qu’il est méthodique, le doute devra de
plus en plus inventer des raisons artificielles de douter. D’où renforcer la force de persuasion du
doute. Doute exagéré. Ces hypothèses révèlent la puissance de notre esprit, et
celle de notre liberté. Cette liberté par rapport à ses convictions = premier
principe de la discussion.
2.
DOUTE METHODIQUE/DOUTE SCEPTIQUE
-
Chez Hegel, scepticisme = chemin
vers la connaissance
Le doute chez Descartes s’apparente au
scepticisme de Hegel.
Hegel : 1770-1831. Philosophie de
l’histoire. Application de la dialectique à l’histoire : elle est
rationnelle.
Dialectique :
processus qui passe par affirmation, négation, sursomption (Aufhebung ou
dépassement). Qqch de nouveau qui jaillit.
Rationnel
parce qu’a du sens, qui peut se comprendre. Nazisme est rationnel, un moment
historique qui donne qqch d’inédit, l’Europe. La crise est un moment positif
d’où jaillit un événement positif. Idée, raison esprit suit ce processus
continu de dialectique.
Phénoménologie
de Hegel : tout le réel est rationnel, tout ce qui est rationnel est réel.
Rôle
du philosophe : voir à quel moment on en est dans le déploiement de
l’esprit. Inscrire ce qui se passe aujourd’hui dans un mouvement plus large
Pour
Hegel, Napoléon est une forme de l’Esprit absolu. Il faisait l’histoire. Un
moment historique d’affirmation.
La relation du scepticisme
avec la philosophie. Scepticisme : moment de la
philosophie, mais aussi séparé de la philosophie. Un abîme entre les deux. Dans
chaque philosophie, un moment sceptique, un moment négatif. Apparaît comme
moteur de la recherche. Cf ironie socratique, doute méthodique de Descartes. Un
mal pour un bien. Un doute en vue de la certitude.
Scepticisme
= un principe de réveil, de précaution, non-adhésion aux vérités toutes faites.
Kant : « Hume m’a réveillé de mon sommeil dogmatique. »
-
≠ Doute sceptique de l’école
sceptique
Le doute est une finalité, un objectif.
Affirme l’impossibilité de la connaissance car la nature humaine est
fondamentalement défaillante.
Met fin à toute recherche, à toute
inquiétude. Cf Montaigne : « l’ignorance et l’incuriosité sont
les deux oreillers sur lesquels doit reposer une tête bien faite. »
Jouissance à douter → ataraxie = paix de l’âme, la mort des passions qui sont
dangereuses.
Dans l’antiquité, philosophie est un art de
vivre gérer ce qui fait souffrir. Pour les sceptiques, les passions sont une
souffrance. Le scepticisme permet de vivre dans la sécurité. Abdique la
recherche de la vérité.
-
≠ Doute méthodique est un esprit
critique en quête de vérité. Méthode
pour accéder à la vérité. Pas d’irrésolution, mais résolution pour découvrir le
« roc » de la certitude.
-
Descartes va utiliser les armes
des sceptiques. Le doute permet un examen rigoureux de notre savoir. Méthode
vérification. Faire l’inventaire du champ des connaissances. Le doute s’attaque
aux évidences sensibles. Les sens nous trompent qq fois, Descartes suppose donc
qu’ils nous trompent toujours. Doute =volonté qu’il décrète. Cherche les
conditions de l’infaillibilité.
Doute
à partir de nos perceptions sensorielles reçus dans l’enfance. Ecran à la
vérité. Méthode inductive : passer du cas isolé à l’universel. Méthode
déductive : de l’universel au cas individuel. Par méthode inductive,
Descartes frappe d’incertitude tout le monde extérieur.
-
Criticisme radical : effort
de penser contre soi-même. C’est cela « penser ».
Entre
assentio= donner son assentiment. La volonté donne son assentiment à ce qui est
perçu /persuasio = se persuader. En la mettant en présence de l’évidence
(clarté et distinction), la raison persuade la volonté.
Pour
douter, il faut être libre. Danger de tomber dans la dictature des sens,
certitude absolue qui rend esclave.
Mais
c’est le doute qui révèle la liberté. Sans le doute, la liberté reste en
puissance, mais ne passepas en acte.
3.
RESISTANCE AU DOUTE
-
Le monde physique
Doute
hyperbolique : Descartes étend le doute jusqu’au corps propre. Argument du
rêve qui permet de douter de l’existence de notre propre corps
-
Le monde sensible
o
Evidences qui résistent au
doute : corps simple, non composé : géométrie et arithmétique.
Domaine des idées intelligibles
o
Aire de raison qui n’ont pas de
référence avec la réalité extérieure. Abstraction radicale. Corps simples car
aucune erreur ne peut s’y glisser, compte tenu de la simplicité de leur objet.
Donc même en rêve, pourvu que le mathématicien pense clairement et
distinctement à ces objets ces derniers sont tout aussi certains que s’ils
avaient été analysés en état de veille. Eveillé ou non, ces vérités subsistent.
Cf MM1 sur les propriétés du triangle.
o
Descartes cherche à déstabiliser ces
évidences, en évoquant l’hypothèse du Dieu trompeur. Hypothèse métaphysique.
Egalement fiction du malin génie, artifice méthodologique. Ma raison peut
donner une évidence claire et distincte, sans que ma volonté y consente.
-
Les deux hypothèses
o
Le Dieu trompeur. Trois
arguments :
§ Soit on attribue à Dieu la toute-puissance de nous tromper. Toute
puissance négative.
§ Faillibilité de l’homme. Ma nature est créée, imparfaite. Donc, peut se
tromper en donnant son assentiment. Ne peut pas résister au Dieu qui se trompe.
§ En vertu même de la bonté de Dieu, Il peut manifester sa bonté en
accordant à l’homme la possibilité de se tromper.
Descartes
se heurte à une autre difficulté, celle de la persuasio. Force des préjugés
qui nous persuadent et auxquels nous
donnons parfois notre assentiment.
o
Fiction du malin génie, pure
production de l’esprit. Je me trompe moi-même volontairement. Il est dans ma
puissance de suspendre mon jugement Propension à donner mon assentiment à qqch
qui est faux. Divorce entre volonté et raison, impossibilité d’aller vers le
vrai sous l’influence d’un malin génie qui me persuade autrement que ma raison.
Refus de l’assentio à la raison. Impossibilité de la raison de me persuader.
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